Les origines du rapport explosif sur Trump
Le président-élu a tenu une première conférence de presse houleuse hier à New York après la publication par Buzzfeed du rapport d’un ancien espion anglais, Christopher Steele, qui révélerait des liens compromettants entre Trump et la Russie.
Engagé par Fusion GPS, une firme de renseignements basée à Washington, Mr Steele a été mandaté l’été dernier pour trouver des informations compromettantes sur le candidat, et selon le New York Times, à la demande d’un donateur républicain opposé à Trump.
Le rapport, paru mémo par mémo, au fur et à mesure de l’enquête, a commencé à circuler dès le mois de juillet à Washington avant d’être donné dans sa version définitive au président Obama, aux leaders du Congrès et au directeur du FBI, des mains du sénateur républicain John McCain.
Les informations étaient également connues de certains journalistes qui ont refusé de les publier faute de pouvoir les recouper jusqu’à ce que Buzzfeed décide de diffuser le rapport dans son intégralité mercredi.
Donald Trump a affirmé n’avoir jamais été mis au courant de ce rapport, a dénoncé les méthodes « nazies » de ces diffamations, a qualifié Buzzfeed de « tas d’ordures » et refusé de répondre aux questions d’un journaliste de CNN qui répandrait « de la désinformation ».
Aujourd’hui, Buzzfeed News est accusé d’avoir sombré dans le côté obscur des « fake news » et d’avoir donné de l’eau au moulin de Donald Trump pour discréditer un peu plus la presse grand public aux yeux de la population.
Heureusement beaucoup de journalistes ont dénoncé les pratiques de la compagnie qui vient de donner une leçon à toutes les autres rédactions de ce qu’il ne faut pas faire en journalisme.
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Revanche des services de renseignement contre Trump?
Invité sur le plateau d’Anderson Cooper 360 sur CNN mercredi soir, Carl Bernstein, ancien journaliste du Washington Post, à l’origine des révélations du Watergate, notait que le fait que les services de renseignement américains ont enquêté sur les accusations contenues dans le fameux rapport était révélateur des doutes qui existent autour de l’intégrité du président-élu – et qu’ils auraient transmis ces informations à la presse pour se venger des attaques répétées de Trump envers la communauté du renseignement ces dernières semaines.
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Kellyanne Conway, « ministre de la propagande » Trump
Carl Bernstein a également dénoncé « la propagande » de Kellyanne Conway, ancienne manager de campagne de Trump, invitée quotidiennement sur les plateaux télés comme punching ball préféré des journalistes ou porte-parole officieuse de l’équipe de transition. Selon lui, elle serait « la plus grande source anonyme de notre époque » envoyée pour discréditer tous ceux qui critiquent le président-élu.
Qualifiée de « marionnette » par Rachel Maddow de MSNBC, Mme Conway est devenu une figure médiatique incontournable.
Les journalistes sont fascinés par la capacité de résistance et la répartie dont fait preuve cette femme de 44 ans qui « fait passer Donald Trump pour un humble serviteur de l’Américain moyen » et n’a pas hésité à narguer l’équipe de Clinton lors d’une réunion post-électorale à Harvard en décembre dernier.
Elle possède une maîtrise de la scène que Trump ne peut qu’apprécier. Je connais des dizaines de personnes qui méprisent sa politique mais sont bufflées par ses performances (…) Elle est l’emblème parfait de cette époque très divisée, dans laquelle aucune déclaration n’est assez risible ou dénonciation n’est plus ridicule que lorsqu’elle fait face à une opposition aussi sournoise.
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Le Boycott de LL Bean
Breitbart appelle le boycott des marques qui soutiennent Donald Trump, une guerre des cultures, et cette fois-ci c’est le président-élu qui mène l’offensive en remerciant publiquement le soutien reçu par l’une marques de vêtements chasse et pêche les plus connues du pays, LL Bean, fabricant des célèbres chaussures en cuir à bout caoutchouté, implantée dans le Maine.
L’association Grab Your Wallet, qui recense toutes les compagnies soutenant Donald Trump, a découvert que Linda Bean, la petite-fille du fondateur Leon Leonwood Bean avait donné soixante mille dollars à la campagne du président-élu, et appelé depuis les consommateurs à boycotter la marque.
Thank you to Linda Bean of L.L.Bean for your great support and courage. People will support you even more now. Buy L.L.Bean. @LBPerfectMaine
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 12, 2017
Linda Bean ne fait pourtant que siéger au conseil d’administration de la compagnie, en tant que membre de la famille et « ne reflète en aucun cas les positions de l’ensemble de l’entreprise familiale » selon un communiqué posté sur Facebook cette semaine.
Comme la plupart des grandes familles, les cinquante propriétaires de l’entreprise familiale ont des positions différentes et soutiennent des causes sur l’ensemble de l’échiquier politique, comme nos clients et nos employés. Tous les membres de la famille admettent qu’un seul individu ne peux parler au nom de l’entreprise, ni ne représente les valeurs que LL a construites.
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Cory Booker, l’étoile montante du parti démocrate
La course semble être lancée pour les élections de 2020 dans le parti démocrate et une figure s’est détachée du lot ces dernières semaines: Cory Booker, ancien maire de Newark et actuel sénateur du New Jersey qui mène la lutte contre l’offensive des Républicains sur Obamacare.
Il est allé jusqu’à témoigner publiquement mercredi lors de l’audience de Jeff Sessions, devant un comité du Sénat pour appeler ses confrères à ne pas le confirmer au poste de ministre de la justice.
Booker a accusé Jeff Sessions d’être incapable d’appliquer l’un des mandats de sa position qui consiste à défendre les droits civils, l’égalité des droits et la justice pour tous les citoyens. C’est la première fois qu’un sénateur intervient publiquement contre l’un de ses collègues pour empêcher sa nomination.
Les Républicains ont accusé Booker d’avoir utilisé l’audition d’un membre du futur cabinet présidentiel comme « plate forme de ses ambitions présidentielles« .